Actualités Légalisation des boitiers pour rouler à l’éthanol: une bonne surprise

Légalisation des boitiers pour rouler à l’éthanol: une bonne surprise

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La nouvelle est tombée dans l’indifférence générale ce mois de décembre 2017. Le gouvernement a rédigé un arrêté qui autorise désormais l’installation de boitiers pour rouler à l’éthanol (carburant E85) sur les anciens véhicules à essence. Un changement de cap à 180° par rapport aux décisions des ces dernières années. Mais quelles peuvent être les conséquences pour les automobilistes ?

Pour une surprise, c’est une surprise. Personne ne s’attendait vraiment à cette décision du gouvernement à l’approche des vacances de Noël. Alors que la politique des différents gouvernements n’a dans l’ensemble pas facilité la vie des automobilistes ces dernières années, le gouvernement d’Edouard Philippe a donc pris un arrêté qui autorise désormais l’installation dans les véhicules à essence « anciens » de boitiers qui permettent de rouler à l’éthanol.

Il faut dire que la situation était quelque peu ubuesque depuis que l’état français avait lancé en grande pompe la distribution de l’E85 en France en 2007. Malgré un prix au litre bien plus intéressant que le Super, ce carburant issu en France de la betterave sucrière n’est jamais parvenu à convaincre les français. Le peu de modèles de voitures Flexfuel disponibles a limité l’apparition des pompes sur le territoire, et ce manque de disponibilité a lui-même étouffé la demande pour les véhicules Flexfuel… Bref, un cercle vicieux.

En revanche, l’E85 a rencontré beaucoup de succès auprès des automobilistes propriétaires de grosses cylindrées essence un peu anciennes ! Ils y ont trouvé en effet un moyen plus simple que le GPL (coût d’installation bien moins élevé, pas de restrictions dans les parking, pas de double réservoir, …) de faire rouler leurs véhicules à moindre prix. Sauf que… l’État, toujours soucieux de ses rentrées d’argent, avait rendu l’utilisation de l’éthanol illégale aux véhicules non Flexfuel ! Si beaucoup de professionnels se sont lancés dans la fabrication et la distribution de boitiers E85, leur activité était en fait à la limite de la légalité. Les douanes ont d’ailleurs un temps infligées de lourdes amendes à des automobilistes faisant le plein à des pompes E85. Heureusement, ce type de contrôles est resté très ponctuel… Autre problème: certains boîtiers fonctionnaient mal malgré un prix d’achat assez élevé (dans les 700 euros au début). Certains automobilistes préféraient même rouler à l’éthanol sans boitier.

 

Le gouvernement a donc décidé de changer de cap sur ce sujet, et de reprendre la main sur le dossier de l’E85. L’arrêté, dont le texte a été publié au Journal Officiel en fin de semaine dernière, autorise donc l’installation de boitiers mais fixe des limites techniques. Les boîtiers de conversion devront « être compatibles avec toutes les voitures essence acceptant déjà le SP95-E10, jusqu’à 14 CV, soit un parc de près de 10 millions de véhicules »; ils devront aussi par ailleurs ne pas provoquer « d’interférences électriques ou électroniques » avec les véhicules. Chaque fabricant devra ainsi soumettre un prototype à l’administration. Autres limitations: seuls les véhicules répondant au minimum à la norme EURO 3 et d ‘une puissance fiscale de 14 CV pourront être équipés légalement d’un boîtier et donc rouler à l’E85. En échange, l’automobiliste pourra obtenir le changement de carte grise de son véhicule: remplacement de la mention « ES » (essence) par la mention « FE » (Superéthanol-essence) dans la case P3. Lors de la revente du véhicule, la carte grise sera gratuite ou à moitié prix selon la région.

Concrètement, qu’est-ce que cela peut changer pour les landistes ? On l’a vu, la limitation aux véhicules répondant à la norme EURO 3 évince directement tous les Range Classic V8 qui pouvaient espérer trouver là un moyen de rouler à moins cher. La norme EURO 3 concerne les Land et Range Rover essence commercialisés après le 1° janvier 2001, ce qui représente encore une bonne quantité de véhicules (Range P38 et L322, Freelander 1 et 2, Discovery Series II et 3, etc). Mais la limitation à une puissance de 14 chevaux fiscaux élimine malheureusement tous les blocs V8 des Disco et Range, ainsi que les moteurs 6 cylindres des Freelander 2 et Evoque. Quels Land restent donc éligibles aux boitiers de conversion à l’éthanol ? Deux oubliés du début des années 2000: les Land Rover Freelander 1 V6 et 1,8i, commercialisés jusqu’en 2006. Ils pourraient à cette occasion retrouver un peu de poil de la bête en occasion, surtout vu la flambée de la cote des autres modèles de Land !  Attention, actuellement (mars 2019) seule une entreprise propose des boitiers homologués pour les Freelander: il s’agit de BioMotors.