Actualités Contrôle technique 2018: un contrôle sans concessions

Contrôle technique 2018: un contrôle sans concessions

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Les modalités précises du Contrôle Technique pour l’année 2018 sont désormais connues. À partir de mai prochain, les points de contrôles vont devenir plus nombreux et certains défauts critiques vont bien mener à une immobilisation des véhicules. Nous faisons le point précis dans cet article.

Après bien des conjectures, le Contrôle Technique 2018 est enfin prêt ! Modifiées pour se mettre au diapason de la plupart des autres pays européens, les règles du CT français vont donc finalement changer à partir du 20 mai prochain. Voilà qui va au moins permettre aux landistes les plus prudents de prendre rendez-vous chez leur contrôleur favori en début d’année, histoire d’éviter les complications de cette nouvelle mouture du Contrôle Technique…

Comme nous le supposions dans notre dernier article (voir Land Mag 145), le CT va en effet drastiquement se renforcer dans sa version 2018. Les points de contrôles, tout d’abord, deviennent plus nombreux. Rien de très original, puisque depuis la création du CT en 1992 la liste n’a cessé de croître avec les années. En mai 2018, le nombre de points qui seront contrôlés sur votre Land passera ainsi à 132 (contre 123 aujourd’hui) et le nombre de défauts éventuels de 453 à 606. Au passage, les « défauts » s’appelleront désormais officiellement des « défaillances« . Ensuite, c’est l’évolution des corrections à apporter à ces différentes défaillances qui évolue profondément pour ce nouveau Contrôle Technique. Jusqu’à présent, les défauts étaient soit simplement signalés (« défauts à corriger sans contre-visite »), soit liés à une obligation de réparation, qui était sanctionnée par une contre-visite. Il s’agissait logiquement des défauts qui touchaient à la sécurité de fonctionnement des véhicules (freinage, corrosion perforante, pneumatiques, etc.).

À partir de mai prochain les choses vont changer puisque ce sont trois catégories de défaillances qui vont être utilisées. La première, celle des « défaillances mineures« , correspondra aux défauts sans contre-visite actuels. La deuxième, baptisée « défaillances majeures« , correspondra aux « défauts à corriger avec contre visite » dans une limite de 2 mois, comme c’est le cas actuellement. Enfin, une troisième catégorie, « défaillances critiques« , regroupe les problèmes considérés comme les plus graves et imposera une réparation immédiate du véhicule ! La vignette délivrée par le centre de Contrôle Technique à un Land affecté par une défaillance critique (voir tableau ci-dessous) ne lui permettra en effet de circuler qu’une journée, le temps de trouver un garagiste apte à solutionner les problèmes signalés.


Le diable se niche dans les détails
Dans l’absolu, on ne peut qu’approuver qu’un véhicule affecté par une corrosion importante de son châssis ou des pneumatiques usés jusqu’à la corde –des défaillances qui mettent directement en jeu la sécurité de son fonctionnement – ne puisse plus continuer à rouler pendant deux mois avant une éventuelle réparation. L’obligation de réparation immédiate peut donc en théorie sembler sensée. Cette nouvelle version du Contrôle Technique laisse pourtant augurer plusieurs problèmes. Premièrement, la différence entre une défaillance majeure et une défaillance critique tient souvent à une appréciation de dangerosité ou d’état, et donc sera laissée au bon jugement du contrôleur. Par exemple, au chapitre de la carrosserie, une « modification présentant un risque » sera considérée comme une défaillance majeure, alors qu’une « Modification présentant un risque : distance insuffisante par rapport aux pièces en rotation ou en mouvement ou par rapport à la route » sera considérée comme critique, sans que des critères précis soient précisés pour juger de la « distance insuffisante ». On peut s’attendre à des discussions tendues entre les contrôleurs et leurs clients…

Deuxièmement, on peut se demander comment vont faire les landistes (et les autres…) pour trouver un garagiste disponible dans la journée en cas de défaillance critique signalée sur le CT. Ces nouvelles mesures risquent en effet de provoquer un sérieux engorgement chez les professionnels, alors que les propriétaires ne disposeront que d’une journée pour trouver un professionnel disposé à effectuer des réparations forcément importantes. Ceux qui ne disposent que d’un véhicule devront en outre trouver une solution dans l’urgence pour le remplacer, alors que le délai de 2 mois actuellement en vigueur permet de s’organiser pour effectuer les réparations obligatoires. Il plane en outre un doute sur les conditions de circulation entre le garage et le centre de Contrôle technique une fois la ou les réparations effectuée(s) : la vignette n’autorisant qu’une journée pour rouler, que se passera-t-il en cas de contrôle du véhicule par les forces de l’ordre ?

Troisièmement, les particularités de nos 4×4 (modifications de la carrosserie, des pare-chocs, de certains éléments de suspension, etc.) rentrent malheureusement dans le cadre de certaines défaillances critiques. Que dira le contrôleur d’une suspension de Range P38 modifiée par un spécialiste (cales de rehausse, etc.) alors que la présence d’un « élément endommagé, modifié ou détérioré : fonctionnement du système gravement affecté » est considéré comme une défaillance critique ? Le prochain CT risque donc être un brin anxiogène pour certains landistes… d’autant qu’il coûtera logiquement environ 20 euros de plus, puisque les points contrôlés seront plus nombreux.


Pollution : rien de nouveau cette année
Seule bonne nouvelle de ce Contrôle technique 2018 : rien ne change côté pollution. Alors que des rumeurs avaient courues sur un relèvement du taux maximum d’opacité pour les véhicules Diesel, il n’en est rien et tout reste comme avant sur ce point-là. Ce n’est que partie remise, puisqu’en 2019 le CT devrait évoluer justement sur l’analyse des gaz d’échappement. D’ici là, si votre land comporte des éléments qui pourraient jouer défavorablement en votre faveur avec ce nouveau CT, le conseil le plus sage est peut-être d’avancer la date de votre prochain passage chez le contrôleur avant le 20 mai 2018.

[toggle title= »Les principales défaillances critiques » state= »close » ] FREINAGE

Fixation insuffisante du maître-cylindre Pas de liquide de frein visible Risque imminent de défaillance ou de rupture des Durits ou flexibles

Manque d’étanchéité des conduites, flexibles ou des raccords

Endommagement ou corrosion excessive affectant le fonctionnement des freins par blocage ou risque imminent de perte d’étanchéité

Câble ou timonerie : Usure ou corrosion fortement avancée

Cylindres et étriers : Étanchéité insuffisante ou Corrosion excessive

Correcteur automatique de freinage : Valve grippée ou inopérante ou défaut d’étanchéité

Modification dangereuse d’un élément : performances de freinage réduites

ABS: Le dispositif d’alerte indique un mauvais fonctionnement du système

ABS: Capteur de vitesse de roue manquant ou endommagé

DIRECTION

Mouvement excessif de l’axe de sortie : fonctionnalité affectée

Mauvaise fixation : fixations dangereusement mal attachées ou jeu par rapport au châssis/ à la carrosserie

Fêlure ou cassure affectant la stabilité ou la fixation du boîtier ou de la crémaillère

Modification présentant un risque : fonctionnement affecté

Jeu excessif : sécurité de la direction compromise

PONTS

Mauvaise fixation Stabilité perturbée, fonctionnement affecté : jeu excessif par rapport aux fixations

Modification présentant un risque : Stabilité perturbée, fonctionnement affecté, distance insuffisante par rapport aux autres parties du véhicule, garde au sol insuffisante

Usure excessive du pivot et/ ou des bagues : risque de détachement ; stabilité directionnelle perturbée

Roulements de roue : Jeu excessif : stabilité directionnelle perturbée ; risque de destruction

Roulement de roue trop serré, bloqué : risque de surchauffe ; risque de destruction

SUSPENSION

Mauvaise attache des ressorts ou stabilisateurs au châssis ou à l’essieu : jeu visible ; fixations très mal attachées

Un élément de ressort est endommagé ou fendu : ressort ou lame principale ou lames supplémentaires très gravement affectés

Élément endommagé ou présentant une corrosion excessive : stabilité de l’élément affectée ou élément fêlé

SUSPENSION PNEUMATIQUE

Un élément est endommagé, modifié ou détérioré : fonctionnement du système gravement affecté

CHASSIS

Grave fêlure ou déformation d’un longeron ou d’une traverse

Corrosion excessive affectant la rigidité de l’assemblage : résistance insuffisante des pièces

PARE-CHOCS ET PROTECTIONS LATÉRALES

Mauvaise fixation ou endommagement susceptible de causer des blessures en cas de contact : chute probable de pièces ; fonctionnement gravement affecté

ATTELAGE

Modification présentant un risque (pièces principales)

CARROSSERIE

Une portière est susceptible de s’ouvrir inopinément ou ne reste pas fermée (portes pivotantes)

Plancher mal fixé ou gravement détérioré

FUITES

Fuite excessive de liquide autre que de l’eau susceptible de porter atteinte à l’environnement ou constituant un risque pour la sécurité des autres usagers de la route : écoulement permanent constituant un risque très grave.[/toggle]