Actualités Nouveau Defender: retour vers le futur ?

Nouveau Defender: retour vers le futur ?

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2018 Land Rover Defender Specs and REview - 2018 Release Car

Plusieurs fois annoncé dans les années 2000, l’arrêt de la production du Defender s’est finalement concrétisé en janvier 2016. Sans que Land Rover donne de pistes sérieuses sur celui qui le remplacera un jour. Retour sur la genèse -encore inachevée- du futur Nouveau Defender, qui devrait pourtant pointer son nez l’année prochaine.

« Le Nouveau Defender n’est pas très loin ». Cette petite phrase que Gerry McGovern a concédé en juin 2017 au magazine Automotive News a relancé la machine à spéculations sur le futur héritier du cube d’alu. Il faut dire que Land Rover est avare en informations depuis quelques temps. La faute peut-être à son « ratage » avec le concept DC100 ? Au Salon de l’auto de Francfort de 2011, la marque crée l’événement en présentant un concept qui est alors censé préfigurer le futur Defender. Baptisé DC100 (pour Defender Concept 100 pouces), cette vision d’avenir est présentée sous la forme de deux prototypes : un Hard Top gris aux couleurs de la Croix Rouge et un découvrable baptisé « Sport », plus orienté loisir, d’un jaune éclatant.

Les lignes du DC100 sont signées par Gerry McGovern, qui grâce au succès récent de l’Evoque est en train de devenir le vrai « boss » de la marque anglaise. Mais s’il pensait séduire les landistes avec cette création, le staff de Solihull se trompe : l’accueil est plutôt mitigé, à cause sans doute du look de « gros jouet en plastique » du véhicule. Même si le DC100 retient les lignes cubiques du Defender, et certains détails propres au 4×4 (roue de secours extérieure, treuil, manilles, …) les passionnés de l’ovale vert voient d’un mauvais œil les pare-chocs profilés et la calandre aérodynamique. Comment imaginer le Def avec des accessoires aussi complexes, alors que le modèle original se vend toujours en concession avec sa bonne vieille finition tout en métal ?

Land Rover va pourtant insister : en 2011 les DC100 font aussi le show au salon de Dubaï dans une version Station Wagon blanche (sans le Sport), puis à Los Angeles en Station Wagon bleu clair (et le Sport…). En 2012 la tournée continue dans pas moins de trois salons internationaux : à New Delhi puis à Genève, mais cette fois dans une livrée rouge et blanc, puis à New York dans une déclinaison résolument faite pour plaire aux landistes. Le DC100 SW est affublé d’un schnorkel et d’une galerie de toit portant des jerrycans, des plaques de franchissement et des coffres. Des stickers de carrosserie (une tradition sur les cubes d’alu) complètent son look. La version Sport a encore une fois disparu. Enfin en avril 2012 le DC100 SW rouge fait une dernière apparition au salon de l’auto de Pékin, alors que Land Rover assure dans un communiqué de presse que le Nouveau Defender va sortir « dans le milieu des années 2010 ».

Les landistes ont pu imaginer toutes sortes de déclinaisons à partir du DC100…

Land Rover à l’écoute ?

Au-delà de la bronca des landistes dans les magazines et sur les forums, Land Rover va finalement changer son fusil d’épaule. Les DC100 disparaissent alors à tout jamais des salons automobiles, et en 2015 Gerry McGovern leur donne le coup de grâce en affirmant que le prochain Defender « ne ressemblera absolument pas aux concepts que nous avons présenté dans le passé ». Alors, les dirigeants de Land Rover ont-ils écoutés les landistes ? Pas si sûr… Lors de la présentation du DC100 en 2011, la marque est en effet encore fragile, avec une gamme pas entièrement renouvelée (les Range L322 et Sport se font vieux, le Freelander 2 est très concurrencé, le Defender ne se vend plus beaucoup) et des soubassements techniques un peu anciens.

Le DC100 est donc basé « sur un châssis en alliage mixte » dont on ne sait rien et motorisé par des blocs 4 cylindres de 2 l de cylindrée qui sont également virtuels. Les choses vont bien changer avec le succès phénoménal de l’Evoque, qui permet à Land Rover d’investir massivement pour son futur : plateforme 100% aluminium plus rationnelle, nouveaux moteurs Ingenium, suspensions et transmissions modernisées, modèles plus nombreux… Autant dire que très vite le projet initial du DC100 ne rentre plus dans ce nouveau cadre industriel ! Land Rover propose aujourd’hui 6 véhicules différents, qui ne reposent en fait que sur deux plateformes : celle en aluminium des Range, Range Sport, Velar et Discovery, et celle en acier des Evoque et Discovery Sport. Aucun doute : le Nouveau Defender va donc lui aussi être basé sur la « grande » plateforme de chez Land Rover. Même si elle doit être passablement « raccourcie » pour les versions à châssis courts, comme le montrent les photos des premières « mules » du Defender.

Ce que l’on sait

La gamme actuelle de Land Rover permet aussi facilement de deviner une partie de l’héritage technique du futur Def : il est évident que les tous nouveaux blocs Ingenium se trouveront sous son capot, dans leurs versions Diesel que l’on connait déjà (150,180 et 240 ch), mais aussi dans leurs versions essence (200, 250 et 300 ch). Idem pour les boîtes de vitesse avec les versions actuelles à 8 rapports en automatique et 6 rapports en manuel qui devraient être reconduites. Reste la question lancinante des liaisons au sol : aucune information n’a pour l’instant filtré sur la présence de ponts rigides ou de suspensions indépendantes sur ce Nouveau Def.

Un « photoshop » très réaliste réalisé par la presse anglaise.

La plateforme en aluminium, développée au départ pour les Range Rover, est-elle techniquement capable de s’adapter à des ponts rigides, ne serait-ce qu’à l’arrière ? On ne le sait pas. On peut tout juste envisager que, comme sur le Discovery, le Range Sport et le Velar, deux types de suspensions soient disponibles en fonction de l’usage : métallique et pneumatique. Pressés par les journalistes, les dirigeants de Land Rover ont par ailleurs assuré en 2015 que le futur Def serait disponible dans 5 modèles de carrosserie différents. Il s’agirait de deux versions d’un châssis court à 2 portes, un châssis long à 4 portes, et de deux Pick Up à 2 et 4 portes. Plutôt bon signe, car cela voudrait dire que la marque de Solihull veut toujours séduire une clientèle professionnelle.

Reste… l’état d’esprit de ce futur Defender. Soufflant le chaud et le froid, Gerry McGover a assuré à Automotive News que ce véhicule devait d’un côté être « attirant et pertinent de façon à attirer de nouveaux clients », ce qui plaide plutôt en faveur d’un Def édulcoré fait pour Monsieur tout-le-monde; mais il a également promis que le Nouveau Defender serait aussi efficace que son ancêtre : « vous pourrez leur en mettre plein la gueule et ils en redemanderont encore ».

(article publié dans Land Mag Supercharged 25)