Pas de boîte de transfert, pas de vitesses courtes, pas de gros pneus, de grands débattements ni de V8 sous le capot… Le Range Rover Velar pourrait paraître comme étant le parent pauvre de la gamme Range Rover, et pourtant ! S’il n’est pas le plus à l’aise en tout terrain, son style unique qui fait tourner les têtes et son agrément de conduite l’ont transformé en best-seller. Nous avons essayé la version D240 en finition SE R-Dynamic.
Après bientôt trois ans de commercialisation, le Range Rover Velar fait toujours tourner les têtes sur son passage. Quel plus bel hommage pourrait souhaiter un designer ? Il faut reconnaître que Land Rover a vu juste avec ce SUV lisse comme un galet, au minimalisme très travaillé, qui est moins agressif visuellement que la plupart de ses concurrents et qui pourtant « en impose » dans la rue. À tel point que beaucoup de landistes purs et durs, qui n’apprécient pas forcément les Land modernes, craquent pour le Velar. Bonne nouvelle pour Land Rover : le design intérieur fait également toujours son effet. La console centrale lisse et brillante comme un meuble de style contemporain, les finitions impeccables, les 3 écrans qui permettent de tout gérer facilement restent, en 2020, uniques dans leur genre.
Une fois dans la circulation, le Range Velar distille par ailleurs des plaisirs que ne renieront pas les anciens landistes : la direction bien démultipliée, la position de conduite en hauteur, la gestion de boîte discrète et le freinage flegmatique rappellent bien « l’ADN de la marque » des anciens modèles. Seule la suspension n’est pas totalement raccord, avec un fonctionnement plutôt ferme à basses vitesses, surtout sur les saignées du revêtements ou les ralentisseurs. La faute aux ressorts hélicoïdaux, livrés de série sur ce modèle pourtant badgé R-Dynamic. Ceux qui veulent un vrai confort de roulement, et pas seulement sur du « billard », devront choisir la suspension pneumatique dans la liste des options. Ce sera aussi au bénéfices des capacités en tout terrain (voir encadré).
Sur route : au menu ou à la carte
Ceci étant dit, le Range Velar est parfaitement cohérent dans son comportement, avec une tenue de route exemplaire et un bon confort sur routes à vitesses élevées. Il officie parfaitement dans rôle de véhicule de « grand tourisme » alors que le Range Sport, plus grand mais aussi doté de moteurs plus nobles, se revendique plus athlétique. La configuration de base au démarrage positionne la boîte automatique à 8 rapports en mode Drive et les réglages de conduite en mode Confort. Une sorte de « juste milieux » apte à satisfaire tout le monde dans un maximum de situations de conduite. Magie de l’électronique, il est toutefois facile de modifier ces réglages d’un coup de molette selon les besoins : ainsi le mode Eco étouffe efficacement les performances mais permet de gagner quelques litres de carburant, tandis que le mode Dynamic accélère la réponse de la pédale de droite. Couplé au mode S de la boîte, il transforme le Velar non pas en berline sportive mais en un SUV très alerte, qui ne rechigne pas à donner du plaisir à son pilote quand les virages s’enchaînent.
Si le bloc Ingenium fait entendre son grognement au démarrage et lors des phases d’accélérations, il reste relativement discret par la suite et fait son office avec efficacité mais, comme la plupart des moteurs turbocompressés modernes, sans véritable passion. Les montées en régime sont -désespérément- linéaires. Pour ceux qui sont habitués à conduire (par exemple) un bon vieux Defender Td5, ses performances pourraient même passer pour quelconques… du fait aussi de la bonne insonorisation et du confort global de conduite, qui gomment les sensations. Regarder le compteur de vitesse permet de se rendre compte que le Velar D240 « pousse » bien. Son propos n’est pas de violenter ses occupants, mais bien de pouvoir assurer des heures de conduite à bord d’un cocon confortable. Pour tailler la route en toute sécurité, quel que soit le climat, le Range Velar est un formidable outil. Qui reste raisonnablement frugal, avec une consommation qui descend sous les 8 l /100 km en roulant normalement. Il doit être possible de faire mieux avec un pied léger et en programme Eco.
Un habitacle à nul autre pareil
Lors de son lancement en 2017, le Velar avait sorti le grand jeu avec ses deux écrans tactiles alignés sur une console centrale lisse et dépouillée. Un style moderne inédit qui arrivait pourtant à préserver la griffe anglaise habituelle aux Range. On attend toujours la réponse de la concurrence sur ce point… Depuis, Land Rover a encore plus soigné ses finitions et les différents revêtements intérieurs pour offrir aux passagers une ambiance haute couture. Notre version SE R-Dynamic disposait en série d’un très beau gainage noir guilloché sur la planche de bord et les contre-porte, allié à des placages d’aluminium sur les portes. Une ambiance moderniste qui va bien au Velar, mais des teintes et des revêtements plus chauds sont aussi disponibles pour ceux qui préfèrent.
Cette finition originale va de pair avec le système multimédia, élégant, réactif et relativement intuitif, même si l’éventail de menus fait qu’on s’y perd un peu… La connectivité Apple Car Play et Android Auto permet une parfaite interaction avec le portable de chacun. Au chapitre équipement, on regrette simplement l’absence du rétroviseur-écran et du système de capot transparent disponibles sur les derniers Evoque et Disco Sport. Moins long et surtout plus étroit que le Range Sport, le Velar n’est logiquement pas aussi accueillant à l’arrière, et seuls deux adultes voyageront confortablement, avec un bel espace aux jambes. Land Rover n’a cependant pas totalement négligé les aspects pratiques du Velar avec un coffre largement suffisant pour 4.
Bilan : toujours seul
En 2011, le Range Rover Evoque faisait figure d’extraterrestre sur nos routes. Le Velar a réitéré cet exploit en 2017, mais dans un style plus discret. Son impact et son succès commercial sont tels qu’il a depuis influencé le reste de la gamme Range Rover ! Mais sa beauté n’est pas sa seule qualité : il est très accueillant dans son style, confortable et efficace, et pourra en remontrer à bien des concurrents dès que le terrain deviendra compliqué… C’est un 4×4 mais qui n’a pas le look des autres 4×4. En fait, il mélange bien les genres et il est difficile de lui trouver, sur le marché, un concurrent direct.
Et en tout terrain ?
Pour ce qui est de sa dotation technique pour le tout terrain, le Velar apparaît plus comme un gros Evoque que comme un petit Range Sport. Il est comme son petit frère dépourvu de boîte courte et doté de jantes et de pneus au profil très routier, avec des flancs peu épais qui ne facilitent pas l’amortissement ou le grip sur des surfaces molles. Avec la suspension « classique » (autrement dit hélicoïdale) qui équipe d’origine les modèles motorisés par les 4 cylindres Ingenium , la garde au sol et les angles de franchissement sont de plus assez limités. Dans cette configuration, le Velar pourrait être aussi inefficace en TT que la plupart des SUV concurrents… Sauf que bien entendu Land Rover l’a équipé du Terrain Response, qui fait la différence à lui tout seul. La gestion « au millimètre » des aides électroniques autorise en effet au Velar d’étonnantes performances sur des terrains difficiles. Il saura affronter sans difficulté des chemins ou des pistes cassantes ou grasses, même en dénivelés. Attention cependant, l’électronique ne fait pas tout, et il faudra de toute façon au « pilote » une bonne connaissance de la conduite en tout terrain pour en tirer la substantifique moelle, puisqu’il n’y a pas de boîte courte pour gérerla vitesse d’évolution. Pour un usage plus courant, ces aides feront merveille pour tout simplement tracter une remorque ou tirer un bateau hors de l’eau sans coup férir. Land Rover a d’ailleurs développé une aide spécifique pour ses modèles sans boîte courte : le système de « compensation de faible motricité » qui est facilement sélectionné dans le menu « 4×4 » de l’écran central gère l’embrayage et l’accélération pour un démarrage en douceur et sans patinage même avec une charge sur un terrain glissant. Ceux qui en voudraient un peu plus devront piocher les bons accessoires dans le catalogue d’options : suspension pneumatique bien sur, mais aussi différentiel arrière autobloquant. Bonne nouvelle : ne pas choisir la finition R-Dynamic vous fera gagner de l’argent et aussi quelques centimètres de débattement et de porte à faux ! Enfin le pack Offroad qui comprend l’ATPC, le Terrain Response 2 (avec son mode automatique) et la suspension pneumatique active n’est pas indispensable.
Suspension |
Classique |
Pneumatique R-Dynamic |
Pneumatique |
Garde au sol max. |
248 mm |
251 mm |
251 mm |
Profondeur de gué max. |
60 cm |
65 cm |
65 cm |
Angle d’approche max |
25,9° |
27,1° |
28,9° |
Angle central max |
21° |
23,5° |
23,5° |
Angle de sortie max |
27,3° |
29,07° |
29,5° |
Débattements |
33,2 cm |
38,1 cm |
38,1 cm |
Les prix, les équipements
Range Rover Velar D240 SE R-Dynamic 76 900 euros
Peinture Gris Corris 936 euros
Pack Drive 1 512 €
Roue de secours de taille réduite avec jante alliage 240 €
Volant en cuir chauffant 260 €
Rabattage de la banquette depuis le coffre 136 €
Affichage tête haute 1 363 €
Pare-brise chauffant 364 €
Toit panoramique coulissant 2 024 €
Tapis de sol 104 €
Caméras panoramiques 822 €