Actualités Méca : le 300 Tdi, une belle réussite technique

Méca : le 300 Tdi, une belle réussite technique

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Le  moteur 300 Tdi qui a commencé sa carrière en 1994 sous les capots de beaucoup de Discovery, Defender et Range Classic fête cette année ses 20 ans. Ce bloc 4 cylindres turbocompressé à injection directe a réussi a remplacer dignement le 200 Tdi, avec lequel il partage moins de pièces qu’on ne le croit.

Dès 1989 le moteur 200 Tdi à injection directe développé par Land Rover a été un énorme succès, à la fois commercial et technique. Cependant les ingénieurs de Solihull ne se sont pas reposés sur leurs lauriers. En effet, ce bloc moderne à l’époque, adopté avec enthousiasme par les landistes grâce à sa puissance et à sa robustesse, présentait pour Land Rover quelques défauts qu’il fallait rapidement corriger. Il avait tout  d’abord un niveau sonore élevé par comparaison avec les moteurs des concurrents japonais.

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Ensuite l’armée britannique n’en voulait pas à cause de son incompatibilité avec les systèmes à 24 V. Enfin, la version pour Discovery était différentes de celle du Defender (turbocompresseur et pompe d’injection montés différemment), ce qui faisait augmenter les coûts de production. D’autre part l’Europe mettait en place une réglementation plus sévère sur les émissions de gaz carbonique.

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Pour rationaliser tout cela les motoristes de Land Rover ont travaillé d’arrache-pied afin de développer rapidement un moteur plus silencieux, plus « propre », mais également plus facile à monter sur les différents Land. Le tout bien entendu sans perte de puissance ni de couple. En 1994, le fruit de leurs efforts était récompensé et  le fameux 300 Tdi était né. Dès le printemps ce bloc prenait place sous le capot du Discovery ( appelé Discovery 2 à l’époque) et du Defender, avant de motoriser le Range Classic.

Bien que son appellation et son architecture générale rappelaient celles de son prédécesseur, ce moteur était en fait plus qu’une simple évolution du 200 Tdi. Les ingénieurs de Solihull annonçaient fièrement lors de sa présentation que près de 208 modifications avaient été apportées.

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Des différences techniques importantes

S’il gardait en effet la même architecture globale avec un alésage et une course identique (que le 200 Tdi avait  déjà hérité des anciens 2,5 l atmosphériques) le 300 Tdi bénéficiait d’un tout nouveau bloc en fonte aux parois renforcées, qui permettait de se passer du renfort en aluminium (ladder frame, voir photo si-dessous) que l’on trouvait entre le bloc et le carter d’huile sur les 200 Tdi. Cette conception améliorée permettait à Land Rover de faire de sérieuses économies de fabrication et de montage !

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À l’intérieur, ce bloc recevait un vilebrequin, des pistons et des bielles modifiés et renforcés par rapport aux pièces du 200 Tdi. Ensuite, tous les accessoires changeaient d’emplacement : le filtre à huile occupait l’espace précédemment pris par le support moteur, la pompe à vide remplaçait la pompe de relevage de carburant,de nouveaux supports moteurs étaient placés beaucoup plus près du tablier. La pompe à eau, plus compacte, était placée plus haut et la pompe de direction assistée prenait place en dessous d’elle.

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Tous ces accessoires étaient entraînés à l’avant du bloc par une courroie  de type « Poly-V » (striée), qui remplaçait les deux courroies plates du 200 Tdi et bénéficiait d’un tendeur automatique. La culasse était également entièrement nouvelle, avec des chambres de combustion redessinées qui accueillaient des culbuteurs modifiés, alors que des injecteurs à deux étages étaient utilisés. Ces dernières modifications devaient notamment réduire les bruits de combustion et améliorer la consommation. Une « couverture » en caoutchouc achevait de filtrer les vibrations du moteur…

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Fort de ces caractéristiques, le 300 Tdi remplissait le cahier des charges de Land Rover. Le nouveau moteur était plus silencieux, mieux adapté aux besoins des militaires, sa consommation était (théoriquement du moins) en baisse à puissance et couple égaux, et il pouvait se monter plus facilement dans toute la gamme. En effet, le berceau des Discovery 2, mais aussi et surtout celui des Defender, allait être modifié afin de recevoir le nouveau bloc. Sur les Def, les boîtes de vitesses et de transfert étaient déplacées vers l’avant, reprenant en fait la même position que sur les Land V8. Grâce à une cloche de boîte plus longue, les 300 Tdi étaient avancés de près de 10 cm comparés aux 200 Tdi.

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Plusieurs versions

Si les 300 Tdi ont la réputation d’être des moteurs rustiques, entièrement mécaniques, certains modèles ont pourtant bien reçu une gestion électronique. En effet, lors de la conception de ce moteur, les ingénieurs de Solihull ont eu la bonne idée de penser aux Land (Discovery et Range) équipés de boites de vitesses automatiques, qui remportaient beaucoup de succès auprès du public. Ces boîtes ayant tendance à « manger » une partie de la puissance du moteur, ils avaient décidé de doter le nouveau moteur d’un supplément de puissance lorsqu’ il était accolé à une boite automatique en ajoutant tout simplement une gestion électronique de l’injection.

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La pompe à injection des 300 Tdi pouvait être purement mécanique ou électronique, selon la version.

Un  boîtier baptisé EDC, relié à une vingtaine de capteurs, permettait  une gestion plus fine de l’injection de carburant. Bien évidemment, tous les 300 Tdi n’ont pas été équipés de ce système. Ceux destinés aux Defender gardaient une « bonne vieille » injection mécanique puisqu’ils n’étaient associés qu’à des boîtes de vitesses manuelles. Il en va de même pour d’autres « accessoires » dont a été doté le 300 Tdi, à commencer par la vanne EGR. Ce système pensé par les motoristes pour recycler une partie des gaz d’échappements et limiter ainsi les émissions de CO2 a été intégré à certaines versions du 300 Tdi, de même qu’une ligne d’échappement catalysée. Ces nouveautés n’ont pas été introduites au fur et à mesure, et c’est bien le numéro de série de chaque bloc et non sa date de production qui permet de savoir comment il est équipé. Le tableau que nous avons élaboré ci-dessous permet de connaître précisément l’équipement qui correspond à chaque préfixe du numéro de série.

Suffixe Land Injection boîte EGR Catalyseur
16L Defender 1995 Mécanique Manuelle non non
17L Discovery / Range Classic EDC Manuelle non non
18L Discovery / Range Classic EDC Manuelle non oui
19L Discovery / Range Classic EDC Auto non non
20L Discovery / Range Classic EDC Auto non oui
21L Discovery / Range Classic Mécanique  Manuelle oui non
22L Discovery / Range Classic Mécanique Auto oui non
23L Defender Mécanique Manuelle oui non

Quel que soit le Land et le type de moteur 300 Tdi qui était monté sous le capot, la différence entre le nouveau bloc et son prédécesseur n’était pas flagrante. Sur route on percevait  vite que le 300 Tdi était plus discret et qu’il chauffait plutôt moins vite, mais la puissance et le couple presque identiques faisaient qu’il était difficile de les départager. Au chapitre de la fiabilité, le 300 Tdi a été victime à ses débuts d’une mauvaise conception du système de distribution, qui a causé des casses prématurées de la courroie de distribution. La poulie de la pompe d’injection et le tendeur étaient notamment en cause. Land Rover a vite réagi en distribuant auprès des concessionnaires un kit de réfection (kits STC4095K, et STC4096K). Si un carré jaune est peint sur le carter de distribution, c’est que le moteur a été modifié.

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De nos jours, tous les 300 Tdi on subi au moins un changement de courroie de distribution et ont été modifiés en conséquence, mais il faut rester vigilant car certains mécaniciens « généralistes » ont pu parfois mélanger les pièces. Ce défaut de conception n’a touché que les Defender jusqu’à la référence VA117353 et les Discovery jusqu’au VA560897. Mis à part ce « faux pas » oublié depuis, le 300 Tdi reste l’un des moteurs les plus fiables de sa catégorie et c’est ce qui fait sa réputation.

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Une fin de vie rapide

Comme son prédécesseur, le 300 Tdi allait connaître malgré ses qualités une vie relativement courte. Les évolutions techniques très rapides des années 90 sur les moteurs Diesel et les normes plus sévères en matière de réduction des rejet de CO2 allaient signer son arrêt de mort… du moins officiellement. Le 300 Tdi était remplacé en 1998 dans la gamme Land Rover par le Td5, un autre moteur toujours développé à Solihull  mais géré par électronique qui allait connaître également le succès. Mais le 300 Tdi est resté disponible pendant plusieurs années sur certains marchés  (Afrique ou  Asie) et pour les militaires jusqu’en 2006, l’électronique trop présente dans le Td5 faisant peur aux armées ! La carrière du 300 Tdi a cependant continué au Brésil à la suite du rachat de la licence de fabrication de ce bloc par International Motors. Les fameux moteurs International de 2,5 l puis de 2,8 l que certains landistes montent sur des Def ou des Disco sont en effet une ultime évolution du moteur créé à Solihull en 1994. La dernière version, encore disponible chez certains spécialistes, avec sa cylindrée en hausse et un turbo à géométrie variable atteint 135 ch.

 

Les données techniques

300 Tdi

boîte manuelle

300 Tdi

boîte auto

Cylindrée (cm3)

2495

2495

Alésage (mm)

90.47

90.47

Course (mm)

97.00

97.00

Puissance (ch)

111 à 4250 tr/m

122 à 4250 tr/m

Couple (Nm)

265 à 1800 tr/m

280 à 1800 tr/m

Compression

19:1

19:1

Pression de turbo (bar)

0,86

1,05

 

La gestion électronique et ses nombreux capteurs

Pour fonctionner, la gestion électronique de l’injection Diesel EDC conçue par Bosch utilise près d’une vingtaine de capteurs qui auscultent en permanence le fonctionnement du 300 Tdi mais aussi du Land.

+EDC
1) pompe d’injection 2) température du carburant 3) température d’air 4) température de LDR 5) capteur injection 6) capteur air 7) capteur vitesse du moteur 8) capteur pression de turbo 9) capteur vitesse du Land 10) capteur embrayage 11) capteur freins 12) capteur pédale d’accélérateur 13) capteur EGR 14) vanne EGR 15) ECU 16) indicateur diagnostic