Cela a pris quelques années, mais l’engouement autour du Discovery 3 en tant que 4×4 pour le raid se confirme mois après mois. La conception très saine de ce Land des temps modernes en fait une base idéale pour les voyages au long cours. De leur côté, les accessoiristes rivalisent d’ingéniosité pour caser dans ce véhicule tout le nécessaire à la bonne pratique du raid. Land Mag faisait le point sur la prépa des Disco 3 dans son numéro 71.
En matière de raid, le choix du véhicule à préparer est évidemment primordial et ce sont souvent les mêmes modèles que l’on retrouve, au premier rang desquels le Defender 110. Le Discovery, depuis son apparition en 1993, est également devenu rapidement populaire pour ce type d’exercice exigeant. Les différentes évolutions de ce 4×4 n’ont pas entamé ses aptitudes en la matière : familial et spacieux, le Disco a toujours été facile à accessoiriser. Avec les années et les évolutions, il est certes devenu plus cossu, mais sans renier sa nature profonde. La dernière génération en date, le Discovery 3, entérine ce constat, en étant encore plus luxueux et plus technologique que ses prédécesseurs.
Un des choix de Land Rover a d’ailleurs marqué beaucoup de baroudeurs landistes : la disparition de la roue de secours sur la porte arrière, elle-même devenue un hayon. Mais les spécialistes du milieu du tout terrain ont rapidement saisi le potentiel du véhicule et se sont sérieusement penchés sur son cas. Il faut dire qu’avec 4 835 mm de long et 2 009 mm de large au minimum, le Disco 3 est un sacré colosse. A l’intérieur, l’espace est tout aussi généreux : 1 073 mm de garde au toit maximale au niveau de la deuxième rangée de sièges et 1 950 mm de longueur de charge derrière la première rangée de sièges. Du coup, les possibilités d’aménagement sont extrêmement variées. L’un des points de départ des préparations du Discovery 3 concernent justement la roue de secours. Fixée au châssis sous le plancher du coffre, celle-ci se retire pour être remplacée par un réservoir additionnel de carburant, dont la capacité peut aller jusqu’à 80 l. Du coup, il devient inévitable d’ajouter un porte-roue de secours en acier à l’arrière. Selon les catalogues, il peut être simple ou double, pour plus de sécurité, et restaure l’aspect du Disco original.
A l’avant, le choix est libre. Si les conditions du raid risquent de nécessiter le recours à un treuil, il est tout à fait possible d’en intégrer un très discrètement à la calandre du Land, du moment qu’il reste de taille moyenne. Le look du véhicule n’est ainsi pas bouleversé. Les plus aventureux peuvent opter pour un pare-chocs acier de seconde monte, qui peut présenter une platine de treuil et un dessin aux angles intéressants dans une optique de franchissement. Pour continuer sur le thème de la protection, presque l’intégralité du dessous du Disco 3 peut être blindée, depuis l’avant jusqu’aux boîtes de vitesses et de transfert.
Lors de son lancement, l’un des problèmes posés par ce 4×4 aux accessoiristes était la taille de ses étriers de frein, forcément généreuse pour arrêter ses 2,7 tonnes. Les jantes sont donc obligatoirement au minimum des 17 pouces. Les jantes alliage de seconde monte et les pneus mixtes et tout terrain, assez rares dans ces tailles il y a quelques dizaines de mois, sont maintenant courants. Le moteur 2,7 l TDV6 ne laisse lui que peu de place à l’équipement. Son injection directe à rampe commune, sensible aux carburants de mauvaise qualité, ne nécessite pourtant pas de pré-filtre à carburant. La boîte à air peut, elle, être remplacée par des modèles plus performants : l’idéal est d’en avoir deux modèles lavables, pour alterner celui en fonction avec celui qui vient d’être nettoyer et sèche.
Le schnorkel, qui empêche l’eau de pénétrer par l’entrée d’air est en revanche un accessoire bel et bien indispensable pour protéger ce bloc très sensible. Du point de vue électronique, le bloc TDV6 donne accès à de nombreuses possibilités de modifications, en termes de gain de puissance et de couple. Cela lui permet notamment d’obtenir plus de souplesse de fonctionnement, appréciable sur les longs trajets. Le système de programmes de franchissement Terrain Response n’est en revanche pas d’une franche utilité sur piste. En cas de terrain sableux ou de dunes, le programme « Sable » devient alors pertinent, à condition de na pas oublier le poids généreux du Land. Pour cossu qu’il soit, le Disocvery 3 peut rapidement se révéler être une formidable machine à voyages. Il serait donc dommage de laisser ses roues sur le bitume !
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L’électronique : avantage ou défaut ?
Maître de l’électronique sur les Land récents, le préparateur allemand Amadeus Matzker s’est intéressé au Discovery 3 dès sa sortie. Outre des accessoires, c’est surtout sur le plan de l’électronique qu’Amadeus et son équipe ont travaillé. D’abord étudié pour une utilisation tuning, un programme permet de surbaisser la suspension pour un aspect visuel saisissant. Mais le même principe existe également vers le haut. Le gain est de six centimètres, que ce soit au niveau le plus bas, à l’intermédiaire ou au plus haut. Les angles de franchissement sont ainsi améliorés, mais attention aux dévers car le centre de gravité est réhaussé. Matzker a également développé des systèmes permettant de passer outre les sécurités électroniques du véhicule, comme lorsque l’ABS ou la suspension rencontre de graves dysfonctionnements. Ils permettent de faire quelques kilomètres pour atteindre le garage le plus proche. Enfin, une dernière astuce électronique venue d’Allemagne autorise le Disco 3 à rouler à plus de 50 km/h avec la suspension pneumatique en position haute, ce qui est pratique pour les pistes caillouteuses.
L’aménagement intérieur
La planche de bord et la console centrale du Discovery 3 ne sont peut-être pas des plus esthétiques, mais elles sont très pratiques et disposent de série de très nombreux rangements. Avec leur découpage en angles droits, elles permettent la pose de nombreux accessoires secondaires comme un odomètre, un GPS, une jauge de réservoir additionnel etc, sans trop les dénaturer. L’espace le plus exploitable est évidemment le coffre. Les plus gourmands et ceux qui ne voyagent qu’à deux peuvent aisément récupérer l’espace pris par la seconde range rangée de sièges. Il est idéal pour loger une réserve d’eau, un réfrigérateur, un compresseur ou encore des caisses de rangement. Des éléments comme les accessoires de dépannage ou des pièces mécaniques peuvent trouver leur place dans des tiroirs additionnels, dont plusieurs modèles adaptés au gabarit du Disco 3 existent sur le marché.
L’aménagement extérieur
Si elle est assez carrée, la ligne du Discovery 3 ne permet pas autant de possibilités d’aménagement que celle du Defender. Les possibilités d’équipement se concentrent donc sur le toit. Les modèles de galeries de toit sont déjà assez nombreux, des démontables à celles d’un seul tenant. Les versions pour Disco 3 sont essentiellement en aluminium. Selon les accessoiristes, elles peuvent mesurer entre 2,2 m et 1,6 m de long et sont évidemment aptes à recevoir une tente de toit, des jerrycans, une roue de secours… Attention toutefois à ne pas trop forcer la charge : le Discovery 3 est de base un véhicule haut et lourd. Trop de chargement sur le toit risque de fortement pénaliser son comportement.
L’avis de Christian Georgin, de Geoland
En tant que préparateur de Land Rover, Christian Georgin s’est intéressé au Disco 3 pour certains raids africains. Il détaille pour nous certains « trucs » à savoir pour que la transformation soit réussie : « Pour aménager l’intérieur, la deuxième rangée de sièges se démonte assez facilement. Ensuite, il suffit de poser une plaque sur les fixations ou d’y mettre les supports d’un réfrigérateur. Dans le coffre, les tiroirs sont la solution idéale. Pour installer des accessoires sur la planche de bord, il faut être méticuleux en la démontant, car il s’agit de plaques de plastique clipsées. Sur le toit, il ne faut pas dépasser 200 kg de chargement : par exemple, une tente de toit, une roue de secours, deux réserves d’eau de 20 l chacune et pas plus. Question mécanique, je remplace le filtre à air par un modèle K&N aux mêmes dimensions. On ne met pas de filtre à gasoil supplémentaire. En revanche, on utilise un additif qui neutralise l’eau dans le carburant. Pour ce qui est du comportement, un Disco 3 équipé permet de rouler beaucoup plus vite qu’un Defender 110. Il faut par contre faire attention à sa suspension à roues indépendantes, car si on roule dans un trou sur une piste, c’est tout le dessous du véhicule qui cogne, à l’inverse d’un 4×4 à ponts rigides. C’est pourquoi il est impératif de le blinder. Si l’on garde les jantes d’origine, il est conseillé d’ajouter des élargisseurs de voie d’au moins 25 mm d’épaisseur pour plus de stabilité. »