Essais Prépa : le Discovery Series II V8 de Shahar Doron

Prépa : le Discovery Series II V8 de Shahar Doron

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Après une mésaventure en tout terrain qui laisse son Discovery Series II en épave, l’Israélien Shahar Doron s’est mis en tête de le restaurer et de le préparer de façon extrême, pour en faire un véhicule de rock-crawling. Après deux ans de travail poussé, le résultat est plus qu’à la hauteur des espérances de Shahar Une prépa publiée dans Land Mag 96.

C’est une grande mare qui est à l’origine de cette impressionnante préparation de Disco, destinée au rock-crawling. Shahar Doron faisait du tout terrain en Israël avec son Discovery Series II de 1998, quand une erreur d’appréciation d’une difficulté lui a fait terminer sa course le capot sous l’eau. Shahar ne s’est pas laissé abattre et a tout de suite mis en chantier le sauvetage de son Land afin d’en faire l’arme absolue des pierriers.

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Deux ans plus tard, le véhicule ressemble toujours à un Discovery, mais c’est à peu près son seul point commun avec la forme d’origine. « Pour le rock-crawling, détaille Shahar, il faut un véhicule qui ait notamment des angles d’attaque et de fuite réduits au strict minimum et la possibilité de poser de très grosses roues. Pour parvenir à ces objectifs, j’ai donc raccourci le porte-à-faux arrière au maximum, mais en conservant la partie arrière de la caisse, afin de garder le toit alpin typique du Disco ».

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« L’avant, en revanche, fait plus torturé, avec ses phares additionnels qui remplacent les optiques d’origine. Pour des raisons évidentes de sûreté, j’ai posé un arceau de sécurité intérieur selon les règles FIA, avec des tubes d’acier de 3,8 mm d’épaisseur soudés au châssis. J’en ai également profité pour installer d’autres renforts, comme des renforts d’aile et des bas de caisse, mais aussi une protection tubulaire spécifique pour l’arbre de transmission arrière montée sur rotules Uniball. Dans le coffre, j’ai dégagé tout l’espace possible pour installer l’imposante roue de secours au centre, un extincteur à gauche, le système de refroidissement du liquide de transmission à droite et, sur le plafond, le radiateur du moteur. Dépouillé au maximum jusqu’à la carrosserie et dépourvu de la porte d’origine, l’espace arrière assure ainsi un mouvement d’air optimal pour tous ces organes de refroidissement. »

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Après quelques années passées comme mécanicien au garage Off-Road Workshop, dirigé par Itsik Mini, Shahar avait des idées précises sur ses besoins en matière de transmission. « J’ai donc acheté des ponts renforcés Dana 60, continue-t-il. A l’avant, il dispose d’un blocage de différentiel ARB, mais à l’arrière, le montage m’est spécifique, avec des arbres de roues Dana 80 faits sur mesure et un « spool ». C’est une pièce qui remplace le différentiel, pour résumer, un tube qui solidarise les deux arbres de roue, pourvu d’un disque que l’on boulonne à la grande couronne de la transmission. Grâce à cet accessoire, les deux roues arrière tournent en permanence à la même vitesse. Enfin, j’ai pu gagner légèrement en empattement en changeant les fixations des deux ponts. Côté suspension,  il est courant dans cette discipline d’utiliser les produits de la marque Fox, et c’est mon cas, avec des modèles combinés ressort-amortisseur d’un diamètre de 6,35 cm et une course de 40 cm, avec réservoir additionnel. »

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Pas besoin de préciser, donc, que ce Disco est doté de capacités de débattement impressionnantes. Le bloc qui entraîne toute cette belle mécanique n’est rien de moins qu’un moteur V8 Chevrolet 350 5,7 l des Corvette et Camaro du début des années 1970, développant une armada de 425 ch. Shahar lui a ajouté une petite touche anglaise, en conservant la boîte à air du Disco Series II, mais c’est un filtre K&N hautes performances qui a pris place à l’intérieur, et le tout respire grâce à un schnorkel Safari. Les boîtes de vitesses et de transfert d’origine ont, elles aussi, laissé la place à des modèles américains, à savoir une boîte de vitesses automatique quatre rapports GM 700R4 et une boîte de transfert Dana 300, connue sur les Jeep des années 80 et offrant la possibilité de passer en 4×2.

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« Sur un tel 4×4, enchaîne Shahar, les treuils sont évidemment de rigueur. A l’avant, le modèle Warn 9500 est discrètement monté sous la calandre ; à l’arrière, c’est également un modèle 9500 mais de la marque Bolster, monté sur un pare-chocs en acier coupé et soudé maison. Les treuils ne sont pas préparés et sont équipés de câbles acier. Concernant les roues, j’ai opté pour des pneus Cooper Discoverer STT en 37×12,50R17 sur des jantes alliage spécifiques aux ponts Dana. Dans l’habitacle, j’ai conçu une planche de bord en aluminium de 2 mm d’épaisseur, bardée de compteurs pour le régime moteur, la température de l’eau, la pression de l’huile, la température des boîtes et la gestion du courant.

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Au-dessus de la tête du pilote se trouvent les interrupteurs du blocage de différentiel ARB ainsi qu’une installation permettant de déclencher le ventilateur principal à une température donnée, avec une alarme en cas de surchauffe. En face du copilote se trouvent un rappel de la température de l’eau et la jauge de carburant (associée à un réservoir maison de 98 l). Les deux occupants du Land sont installés dans des sièges-baquet Momo, qui est également la marque du volant sport. Monumental, ce Disco vient de renaître de ses cendres, ou plutôt de sa mare, et sa seconde vie promet d’être encore moins calme que la première.

spoolUn pont sans différentiel

Peu connue sur les Land Rover, la technique du « spool » utilisée par Shahar sur son Disco est issue du monde du dragster et du franchissement extrême américain. Le « spool » est une pièce qui se monte dans la boule de pont à la place du différentiel et qui fait se joindre les arbres de roue. Cette pièce est également pourvue d’un disque qui se boulonne à la grande couronne de transmission : conséquence logique, les deux roues du pont concerné tournent à la même vitesse, mais sans les risques de casse d’un blocage de différentiel classique. Le défaut d’une telle solution est qu’elle interdit au véhicule de circuler sur le bitume sous peine de générer de trop fortes contraintes dans la transmission, mais ceux qu’elle équipe ne sont en général plus faits pour y rouler.